Un entrepreneur individuel ne peut accueillir qu’un seul stagiaire à la fois, pour une durée maximale de six mois par année d’enseignement, sous peine de sanctions administratives. La gratification devient obligatoire dès le deuxième mois de présence continue, même à temps partiel. Certaines conventions de stage imposent des démarches spécifiques rarement anticipées, notamment auprès de l’établissement d’enseignement ou de l’URSSAF.
La réglementation trace une frontière nette entre le stage et l’apprentissage, autant sur les contrats que sur les cotisations sociales. Les dossiers à préparer, la couverture sociale, et le mode de suivi diffèrent selon la formule choisie. Ce choix impacte directement le fonctionnement quotidien du travail en solo.
Stagiaire ou apprenti : quelles différences pour l’auto-entrepreneur ?
Le stagiaire intervient grâce à une convention de stage tripartite passée avec un établissement d’enseignement. Sa présence au sein de la micro-entreprise s’inscrit dans un projet pédagogique précis, limité dans le temps. À l’auto-entrepreneur de guider, d’encadrer, de préserver les droits du stagiaire. Le stage auto-entrepreneur ne se traduit jamais par un lien hiérarchique classique : pas de contrat de travail, pas de fiches de paie, mais une gratification obligatoire quand le stage déborde deux mois consécutifs.
En face, l’apprenti dépend d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. On parle alors d’un véritable emploi, avec toutes les règles du code du travail, salaires et cotisations compris. Pour certaines professions ou au-delà de seuils de chiffre d’affaires, ce dispositif n’est même plus accessible à l’auto-entrepreneur.
Pour bien distinguer ces deux statuts, gardez en tête les points suivants :
- Stagiaire auto-entrepreneur : convention à trois signatures, mission cadrée dans le temps, gratification selon la durée du stage.
- Apprenti : contrat de travail, salaire légal, couverture sociale complète et exigences renforcées.
Recevoir un stagiaire impose à l’entrepreneur d’aménager un accueil encadré, sans pour autant ouvrir l’accès à la formation professionnelle continue. À l’inverse, l’apprentissage ouvre la porte à un cursus certifiant, assuré par un maître d’apprentissage désigné. Avant de vous lancer, interrogez-vous sur le temps disponible, la charge de travail administrative et la nature de l’accompagnement à offrir.
Accueillir un stagiaire en entreprise individuelle : quels avantages et limites ?
Ouvrir sa porte à un stagiaire peut changer la donne : c’est l’opportunité de transmettre son expérience, de profiter d’un regard neuf, de ressusciter un vieux projet. Pour le stagiaire, c’est un terrain d’application concret, et pour le micro-entrepreneur, un stimulant pour la routine.
La gratification s’applique dès que le stage franchit la barre des deux mois suivis, soit 44 jours à 7 heures quotidiennes. Indexée sur le plafond horaire de la sécurité sociale, elle demeure accessible, 4,35 € de l’heure en 2024. Une fois cette limite atteinte, même à temps partiel, la règle s’applique. Bonne surprise : tant que vous restez dans le plafond légal, pas de cotisations sociales additionnelles à régler.
Ce choix engage aussi : l’accueil d’un stagiaire nécessite du temps, de la disponibilité et un accompagnement pédagogique réel. Un tuteur enseignant référent doit suivre la progression, garantissant la cohérence et la qualité du parcours. Le stagiaire ne se substitue jamais à un salarié, n’assure pas un poste fixe : ses missions doivent s’intégrer à un projet de formation, validé en amont par l’école.
Retenons les avantages et limites principaux du recours au stage :
- Avantages : flexibilité, échanges, motivation mutuelle, coût limité.
- Limites : obligation de suivi, missions strictes et absence de position hiérarchique.
Obligations légales et démarches administratives à ne pas négliger
Quand une micro-entreprise accueille un stagiaire, la convention de stage est une étape incontournable. Ce document signé par les trois parties officialise la mission, la durée, les horaires et les conditions d’encadrement. Sans ce document, aucun stage ne peut commencer.
Il faut également constituer un registre des conventions de stage. Ce registre recense pour chaque stagiaire son identité, la période d’accueil, l’établissement référent et, si besoin, la gratification. La loi impose d’être en mesure de fournir ce registre sur simple demande lors d’un contrôle.
En parallèle, le respect des conditions de travail s’impose. Le stagiaire doit pouvoir bénéficier des mêmes locaux, pauses et droits que les salariés. La limite reste stable : pas plus de 35 heures par semaine, sauf mention contraire dans la convention.
Une étape souvent oubliée concerne l’assurance. Avant la première journée du stage, il faut vérifier la couverture du stagiaire pour les accidents du travail. Si ce point n’est pas géré par l’établissement d’enseignement, il revient à l’auto-entrepreneur de prendre une assurance dédiée.
Enfin, à la fin du stage, il appartient à l’entrepreneur individuel de fournir une attestation précisant les missions réalisées et la durée d’accueil. Ce document permet au stagiaire de valoriser l’expérience acquise pour ses projets futurs.
Réussir le recrutement et l’intégration de son stagiaire : conseils pratiques et ressources utiles
Trouver la personne adaptée commence par un vrai travail d’analyse des besoins. Définissez clairement les missions en lien direct avec le projet pédagogique. Préparer une fiche de poste détaillée, type de stage, durée, aptitudes recherchées, tâches proposées, donne de la clarté et maximise la pertinence des candidatures reçues.
L’entretien reste un moment déterminant. Il s’agit de juger la motivation, la faculté d’adaptation, l’intérêt porté au secteur d’activité et l’adéquation du profil avec la réalité de la micro-entreprise. Visez les stagiaires qui savent faire preuve de curiosité, d’initiative, de rigueur et d’une envie concrète de participer.
Le premier jour du stage ne s’improvise pas. Présentez le contexte, l’environnement, les outils, le rythme de travail et les règles en vigueur. Les horaires, la disponibilité et les échanges doivent être posés d’emblée. Nommer un tuteur permet d’assurer une montée en puissance progressive et d’instaurer un dialogue constructif. Prévoyez des points réguliers, même brefs, pour ajuster et soutenir la progression du stagiaire.
Côté ressources, pensez aux plateformes universitaires, aux réseaux professionnels, ou encore, pour les stages de découverte, aux structures de proximité. Multiplier les canaux augmente les chances de repérer le bon profil.
Quand l’accompagnement est bien mené, le stage laisse une marque durable : il favorise l’évolution du stagiaire, nourrit la réflexion de l’auto-entrepreneur, et démontre que la transmission ne s’improvise pas mais s’organise, au bénéfice de chacun.


